• En juillet 1969 un événement sans précédent devait bouleverser nos vacances et engendrer l’amorce d’un conflit de générations. S’il excitait notre enthousiasme, grand-mère et M.B. haussaient les épaules : LES AMERICAINS ALLAIENT MARCHER SUR LA LUNE ! Elles puisaient dans la bible les arguments capables de démontrer que l’orgueil de l’homme ne reste jamais impuni. Elles prophétisaient mille désastres à venir. Dieu avait fait don de la terre au genre humain, pas de l’univers ! Qu’on se souvienne de la tour de Babel ! L’une comme l’autre ne voulait rien entendre de cette aventure qui nous passionnait. Sans doute se sentaient-elles dépassées par l’avancée fulgurante des technologies.

     

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  • Les années passaient. Nous devenions des jeunes gens et des jeunes filles qui s'éveillaient à des émotions nouvelles. Beaucoup moins rigoriste que maman qui banissait toute sortie mixte, grand-mère acceptait que nous fréquentions des vacanciers de notre âge, à condition qu'elle même ou M.B. connaissent leurs familles. Nous passions des heures affalés sur le sable entre les coques des voiliers, en haut de la Grande Plage. Nous allions en groupe au cinéma ou à des petites soirées privées. Et nous rentrions de vacances le coeur chargé d'espoir, la tête pleine de rêves sentimentaux.
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  • Il régnait à Préfailles une atmosphère particulière qui n'était ni celle de Pâques ni celle des vacances estivales. Nombre de familles de citadins s'étaient repliées sur leurs résidences secondaires. En revanche on comptait peu de locataires. Nous vivions dans une période intermédiaire sans savoir sur quoi elle déboucherait. Dans les commerces j'entendais des récits terribles de crânes fendus par les pavés, de plaies horribles, de présumés noyés dans la Seine ! On forniquait dans les amphithéâtres de la Sorbonne, prétendait-on. Des bandes sauvages ravageaient Paris ! "Tous les beaux arbres des avenues ont été abattus ! Les allemands et les libérateurs les avaient respectés, EUX !" pleurnichait une dame.

    Le ciel bleu, le mouvement incessant des vagues sur la plage presque vide m'inspiraient un sentiment de plénitude. Je me réfugiais dans la paix de MON Préfailles immuable.

    Pourtant il fallut bien songer à rentrer. Grèves et manifestations se poursuivaient. Grand-mère craignait que mes parents ne finissent par s'inquiéter. Nantes demeurait incontournable. Elle aussi tremblait pour ma sécurité. Elle m'indiqua deux ou trois personnes à la porte desquelles je pourrais aller sonner le cas échéant. De ce retour je n'ai gardé aucun souvenir...
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