• Le passage choisi pour notre réflexion est extrait des MEMOIRES DE MADAME LA MARQUISE DE BONCHAMPS SUR LA VENDEE rédigés par Madame la Comtesse de Genlis (1823).

     

    Arrivée à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), l’armée vendéenne épuisée, constamment  harcelée par « les bleus » appelle au châtiment. Des cris se font entendre ; on demande la mort de cinq mille prisonniers renfermés dans l’église. « Vengeons-nous , s’écroit-on ; les flammes dévorent nos villes et nos hameaux ; nos ennemis sont sans pitié ; usons de représailles, il en est tems, et que les républicains apprennent ce que peut le désespoir. » A ce cri, devenu général, une artillerie meurtrière s’avance de toutes parts, les prisonniers sont au moment d’être massacrés : tout à coup un roulement de tambour se fait entendre… C’est un ordre de Bonchamps !... Expirant d’une blessure mortelle, il a entendu les cris de rage et de mort ; ranimant ses forces défaillantes, il s’est adressé aux officiers, aux soldats qui l’entouroient, plongés dans la douleur :  « O mes amis, leur dit-ils, ne déshonorons  pas la cause pour laquelle nous combattons ; Dieu et le roi fut notre devise : chrétiens, soyons digne de ce Dieu dont la croix brille sur notre poitrine et pardonnons comme lui : royalistes, épargnons nos frères égarés ; tels sont mes derniers vœux, portez-les à mes compagnons d’armes, je connois les Vendéens, ma voix mourante sera par eux respectée… » Elle le fut comme elle l’était en ces jours de bonheur où elle guidoit les soldats à la victoire… Un religieux silence avoit accueilli les dernières paroles du héros : le calme succède au trouble, la fureur fait place à des  larmes d’admiration, et l’armée entière s’écrie : « Grâce ! grâce aux prisonniers ! Bonchamps le veut ! Bonchamps l’ordonne ! »

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  • La lettre à Marie.

    Maurice était un paysan illettré, enrôlé, comme beaucoup de ses concitoyens, dans l'armée pendant la première guerre mondiale. Avec peu de mots il confie son désarroi à sa jeune épouse restée au pays. Au retour de la guerre il deviendra ouvrier en chaussures.

     

     

     

    Saviny le 20 décembre 1914

     

    Ma chère Marie,

     

    Je t’écris deux mots pour te dire que je suis en bonne santé et je désire que tu sois de même.
    Ma chère Marie je suis resté à Saviny et nous sommes là en attendant notre tour d’aller au feu ; enfin, on pense rester là. Comme partir demain. Çà, il y a tant de choses qui  se passent dans notre métier que l’on en perd la tête par moments. Si on n’était pas insouciant dans le métier, sûrement que tous on aurait perdu la tête ; mais il faut en prendre et en laisser. Il faut pas chercher la petite bête ; non, il faut se faire à tout. Il faut s’y soumettre. Enfin, qu’ est-ce que tu veux, s’il faut aller au feu, il faudra bien. Mais j’aimerais bien mieux ne pas y aller, bien sûr, que d’y aller.

     

    Ma chère Marie, je me suis préparé pour partir. J’ai été à confesse et j’ai été à la communion ce matin et à présent je suis prêt pour partir. Tout ce que je regrette c’est de ne pas pouvoir aller te voir. Si toutefois je ne retournais pas, je te donne tout, comme nous avions dit, au dernier  vivant. Je te le répète, je te donne tout ce que nous avons jusqu’au dernier vivant. Si toutefois ma famille te forçait, garde la lettre que je t’envoie et tu pourrais être sûre de toi. Enfin, je demande bien au Bon Dieu à retourner avec toi ; mais si j’étais à retourner, je retournerais bien. C’est comme si j’ai à rester, il faut que je reste, il faudra bien.
    Je finis ma lettre en t’embrassant de tout mon coeur et je t’envoie toutes mes amitiés. Au revoir.

    Maurice

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